Séroprévalence de la grippe porcine : une forte pression d’infection

21 août 2023

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« La séroprévalence de la grippe porcine dans le Nord-Ouest de la France était de 91% en 2022 ».  Cette très forte pression d’infection grippale a été révélée par une étude conjointe de l’Anses (Laboratoire de Ploufragan‐Plouzané‐Niort) et de Ceva Santé Animale. 

L’objectif de cette étude était de déterminer la séroprévalence actuelle de l’infection grippale et des différents sous‐types viraux chez les porcs charcutiers du Nord‐Ouest français. 

Un screening sur 116 élevages

Entre février et mars 2022, 116 élevages de 13 départements différents ont été échantillonnés aléatoirement. Pour cela, le sang de 10 porcs charcutiers provenant de ces élevages a été prélevé à l’abattoir (Figure 1). 

 Département investigués_étude ANSES

Figure 1 : Départements d’origine des 116 élevages prélevés 

 Légende : 

  • En gris : les 13 départements de provenance des élevages prélevés 
  • Nombre en rouge (ex « 27 ») : nombre d’élevage prélevés dans chaque département
  • Point vert : localisation des abattoirs, lieu de collecte des prélèvements sanguins 
Les sérums prélevés ont été soumis à un test ELISA : c’est un test qui met en évidence les anticorps dirigés contre les virus influenza de type A circulant chez les porcs. A partir d’un sérum analysé positif, le lot de porcs et l’élevage ont été considérés comme ayant été infectés par la grippe.
 
D’après les résultats de cette étude, le degré d’exposition des élevages aux virus grippaux porcins est très élevé : la séroprévalence de la grippe porcine dans le Nord-Ouest de la France était de 91% en 2022. 

 

Que se passe-t-il quand un élevage se contamine avec un virus influenza ? 

Des travaux de modélisation mathématique menés par l’ANSES ont permis d’évaluer la probabilité de persistance d’un virus influenza introduit dans un élevage naisseur-engraisseur conventionnel, selon sa conduite en bande.

Ces travaux ont conclu que :  

  • dans le cas d’un élevage en 10 ou 20 bandes, la probabilité de persistance est de 100% au bout de 3 ans,  
  • dans le cas de la conduite la plus favorable à l’extinction (7 bandes), la probabilité de persistance était tout de même supérieure à 50% au bout de 3 ans (Figure 2).  

 Extinction dune infection grippale_ANSES

Figure 2 : Probabilité de persistance d’un swIAV au sein d’un élevage selon la conduite en bande (4, 5, 7, 10 ou 20 bandes).

200 simulations lancées par scénario, χ2 Log rank test = 130, 4 df, p < 0.001. 

 

Il est donc clair, qu’après introduction d’un virus influenza dans un élevage, celui-ci a tendance à y persister.  

Comment expliquer la persistance du virus ?

 

Deux explications sont possibles : 

  • Tout d’abord, le virus de la grippe se transmet très facilement, par contact nez à nez des porcs, par transmission aérienne ou par l’intermédiaire d’objets souillés par des sécrétions oraux-nasales.  
  • Ensuite, dans nos élevages conventionnels, l’influenza va toujours trouver des animaux à infecter : des porcs complètement naïfs (du fait des naissances de porcelets et de l’introduction de cochettes) ou des reproducteurs ayant perdu leur immunité post-infectieuse (la protection vis-à-vis d’une infection avec un virus de même sous-type dure entre 2 et 6 mois selon les experts).  

 

A l’échelle d’un élevage, il faut donc essayer  de : 

  • ne pas introduire de nouveaux virus influenza. 
  • vivre le mieux possible avec les virus influenza présents, avec l’aide de la vaccination notamment.  

 

Références bibliographiques :  

Cador C., Andraud M., Willem L., Rose N. 2012. Control of endemic swine flu persistence in farrowtofinish pig farms: a stochastic metapopulation modeling assessment. Veterinary Research 48:58 

 

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