Comprendre la grippe en élevage porcin

27 juin 2022

Article grippe

La grippe est une maladie induite par une infection virale causée par le virus influenza. Ce
virus est présent dans le monde entier et infecte de multiples espèces animales.

La grippe chez le porc

Chez le porc et également chez l’homme, le virus impliqué est un virus influenza de type A. Au sein de ces virus de type A, on distingue des subdivisions ou sous-types, basés sur l’identification de deux glycoprotéines à la surface du virus. En France en 2021, les sous-types détectés étaient les suivants : H1avN2, H1avN1, H1N1 pandémique et H1huN2.

 

Influenza A virus – A_California_7_2009 (H1N1), colored, transmission  electron microscope (TEM).-1

Chez le porc, le virus influenza cible et se multiplie dans les cellules qui tapissent les voies
respiratoires. L’infection virale conduit à la mort de ces cellules infectées ce qui provoque une forte réponse immunitaire et inflammatoire dans l’appareil respiratoire. Des troubles
respiratoires et généraux à conséquences économiques notables sont alors induits.

Point important : la grippe en élevage porcin n’est pas saisonnière et se produit toute
l’année.

Les virus influenza circulant chez le porc ont tous un potentiel zoonotique : c’est à dire une capacité plus ou moins importante d’infecter l’homme. A ce titre, ils font l’objet d’une
surveillance particulière.


Quels sont les facteurs de risque ?


Les virus influenza sont extrêmement contagieux : un animal infecté va contaminer en
moyenne 15 congénères pendant la phase d’excrétion, qui dure 8-10 jours à l’échelle d’un animal.

Les matières contaminantes sont les sécrétions oro-nasales des porcs infectés. La contamination se produit donc via des contacts nez à nez, via des contacts avec un objet souillé par des sécrétions (comme des bottes) et par voie aéroportée. Cette transmission aérienne qui a été démontrée possible sur une distance de 2 km au moins (Davis et al. 2009) a une importance majeure : elle explique en grande partie la contamination entre élevages voisins et la contamination entre animaux logés dans différentes salles et bâtiments au sein d’un même élevage.


La chercheuse Christelle Fablet a identifié plusieurs facteurs de risque associés à l’exposition au virus influenza des porcs charcutiers du grand Ouest français (Fablet et al. 2013). Ces facteurs de risque sont en lien, soit avec une augmentation du risque de transmission du virus, soit avec une perte de capacité de défense immunitaire. Ainsi, les pratiques d’élevage qui conduisent à augmenter les contacts entre porcs d’une même bande ou de bandes différentes ont un effet défavorable : grandes tailles de cases et de salles, mélanges d’animaux de bandes différentes, densité animale élevée par case, recyclages d’air entre salles…Le stress climatique (défaut de chauffage, à-coups de ventilation…) fragilise quant à lui la défense immunitaire pulmonaire.


Quels sont les signes cliniques ?

A l’échelle d’un individu, les signes cliniques apparaissent rapidement après l’infection (1 à 3 jours plus tard) et débutent classiquement par des éternuements et du jetage nasal.
Rapidement, l’infection gagne la trachée, les bronches et les poumons, ce qui provoque de la toux, une gêne respiratoire et des coups de flancs.

Simultanément, la fièvre (>40°C) conduit à l’abattement des porcs, qui restent couchés et mangent peu. Dans le cas des animaux reproducteurs, s’ajoutent à cela des avortements, de l’infertilité, des défauts de lactation...

Cependant, il est assez fréquent que l’infection grippale agisse comme « l’étincelle déclenchant l’explosion» et des co-infections à Streptococcus suis ou Mycoplasma hyopneumoniae  surviennent simultanément ou juste après l'infection grippale. 

Sans co-infections, les signes cliniques respiratoires et généraux régressent spontanément en 8-10 jours. En cas de co-infections, cas de figure prédominant, les signes cliniques peuvent être nettement plus graves et/ou variés : mortalité, complications pulmonaires bactériennes, dépérissement, signes nerveux (méningites bactériennes), signes digestifs (colibacillose, maladie de l’oedème), pseudo-épidémies de nécrose d’oreilles ou de « grosses oreilles » (othématomes).

port atteint de jetage nasal

 

 

A l’échelle d’un élevage, deux formes cliniques sont décrites :

  • Une forme épidémique, notamment dans le cas d’une primo-infection par un nouveau virus influenza : une majorité des porcs d’un élevage s’infectent et tombent malades dans un intervalle de temps court, sous 10-15 jours. La maladie “fait le tour de l’élevage”. C’est impressionnant car beaucoup de porcs arrêtent de manger et restent couchés.

  • Une forme endémique, qui fait souvent suite à une primo-infection : le virus influenza se maintient dans l’élevage mais impacte moins de porcs simultanément. Ainsi, dans de nombreux élevages, les porcs sont systématiquement malades toujours autour du même âge, en post-sevrage souvent, et tout au long de l’année : on parle de grippe récurrente. La forme chronique peut également concerner le cheptel truie et se traduire par peu de signes respiratoires mais par des troubles de la reproduction ou de la lactation et de la fièvre sur un nombre restreint d’animaux.

Pour en savoir plus, consulter l'article :  Mieux comprendre la grippe porcine : le tableau clinique

 

Comment diagnostiquer la grippe ?

Les signes cliniques précédemment décrits et la chronologie de leur survenue sont des
éléments clés de suspicion. Pour établir un diagnostic définitif, le recours à l’examen de laboratoire est nécessaire. Le meilleur choix est de tenter de détecter le virus influenza chez des porcs en début de clinique franche. Les écouvillons nasaux et les sondages trachéo-bronchiques sont les prélèvements de prédilection pour rechercher la grippe. A défaut, la recherche des anticorps post-infectieux peut être effectuée dans le sang de porcs ayant été récemment malades (plus de 10 jours après le début des symptômes). Cependant, cette technique n’est pas adaptée à tous les âges d’animaux et reste moins informative.


Pour tout besoin d’informations complémentaires, contacter votre vétérinaire : il vous
conseillera sur le meilleur choix de prélèvements au vu de ce qui se passe dans votre élevage.


Quelles sont les conséquences techniques et économiques de la grippe ?

Qui a déjà vu un élevage de porcs atteint de la grippe a bien en tête les conséquences
zootechniques de celle-ci :

  • Retard de croissance
  • Dégradation de l’indice de consommation
  • Mortalités et dépérissement de certains porcs
  • Dépenses médicamenteuses
  • Avortements, infertilité, baisse du nombre de nés et du nombre de sevrés

Forte-hétérogénéité-des-porcs-de-10-semaines-suite-infection-grippale-1

Les conséquences économiques sont logiquement lourdes. Ainsi, pour des animaux
reproducteurs (Créach et al. 2020), l’impact économique de la grippe a été récemment évaluée à 15,8 € et 18€ dans respectivement deux élevages différents.

 

 

Références bibliographiques  

  • Davis et al. 2009. Analysis of Local Spread of Equine Influenza in the Park Ridge Region of Queensland. Transboundary and Emerging Diseases, 56, 31-38. doi:10.1111/j.1865-1682.2008.01060.x 
  • Fablet et al. 2013. Different herd level factors associated with H1N1 or H1N2 influenza virus infections in fattening pigs. Preventives Veterinary Medecine 112, 257-265. 
  • Créach et al. 2020. Impact économique d’une infection des reproducteurs par un virus influenza dans deux élevages porcins. Journées de la Recherche Porcine 2020. 

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