Prévenir la streptococcie

26 septembre 2022

Article Streptococcie

La streptococcie chez le porc est une maladie causée par une bactérie Streptococcus suis (S. suis) très fréquente en élevage.

Les conséquences sanitaires et économiques de cette maladie peuvent être importantes. C’est pourquoi il est essentiel de mettre en œuvre des moyens pour la prévenir.

 

S. suis au microscope électronique

Illustration : photo de S. suis vu au microscope électronique (Meijerink et al. 2012)

 

Comment se prémunir d’une contamination extérieure ?

 

Respecter la biosécurité externe

 

Il s’agit d’éviter d’introduire le premier ou de nouveaux S suis pathogènes au sein de son élevage. Les voies d’entrée possibles sont les futurs reproducteurs, les visiteurs, les aérosols.

Au regard des connaissances actuelles, il est très difficile voire impossible aujourd’hui de garantir qu’un animal est indemne de S suis pathogènes. C’est pourquoi les changements d’origine de futurs reproducteurs doivent être bien réfléchis.

Un sas d’entrée opérationnel permettant de respecter la marche en avant avec séparation stricte entre la zone "professionnelle" et la zone "d’élevage" limitera le risque « visiteur ». Le quai situé hors de la zone d’élevage est une sécurité par rapport au risque « aérosol » qui peut être illustré par l’arrivée d’un camion de ramassage de truies de réforme souvent non vide.

 

sas d'entrée_source IFIP

Illustration : représentation schématique d'un SAS d'entrée (source : IFIP).

Comment limiter l’expression des S.suis ?

Les mesures de biosécurité interne ont pour objectif de limiter l’action des S suis pathogènes une fois présents dans l’élevage en offrant aux animaux des conditions d’accueil optimales.

Les différents éléments listés ci-dessous ont pour objectif de limiter voire supprimer tous les stress possibles, environnementaux, sociétaux, infectieux, alimentaires, qui sont autant de facteurs favorisant l’expression de S. suis.

 

La relecture des « 20 points de Madec » qui ont été rédigés à la suite de la crise de la MAP due au PCV2 à la fin des années 1990 est de ce point vue intéressante pour prendre en compte certaines règles de cloisonnement de population, respect des normes zootechniques et d’hygiène… (Madec JRP 1999).

 

 

  1. Respecter la biosécurité interne : les locaux et la conduite d’élevage

    Les locaux doivent être cohérents par rapport à la conduite d’élevage en place de manière à assurer une conduite en bande stricte et l’absence de surcharge. Un nombre restreint de porcs par case en post-sevrage permet de limiter le nombre de mélanges de portées par case. Le respect de l’intégrité des cases de post-sevrage ou leur dédoublement lors du passage en engraissement doit être recherché. Les ambiances doivent être maitrisées en proscrivant la sous-ventilation et les écarts de température.

  2.  Contrôler les co-infectants

    La présence de co-infections surtout virales comme la grippe (Wang 2013) potentialisent le pouvoir pathogène de certaines souches de S suis. En outre, une étude récente a montré que le contrôle de la streptococcie serait plus problématique dans des élevages présentant une sensibilité digestive en maternité (Biblio Cf. Remond JRP 2021).

 

Comment prévenir les infections à S.suis : la prévention médicale

 

  1. L'antibioprévention (prophylaxie)
    Cette pratique, longtemps mise en œuvre et qui a pour principe d’administrer par voie orale (aliment médicamenteux ou pompe doseuse) ou par injection des antibiotiques actifs contre S suis avant que les animaux n’entrent dans la période à risque, est aujourd’hui interdite par l’administration.
  2. La vaccination
    La prévention par la vaccination est possible. Celle-ci se faisant dans des conditions particulières, il est indispensable de discuter de la démarche à suivre avec son vétérinaire. Les porcelets atteints sont plutôt jeunes puisque la streptococcie se manifeste en général entre la naissance et l’entrée en engraissement. Aussi, en première intention, la vaccination concernera les truies pour que les porcelets bénéficient d’une immunité colostrale protectrice.

Vaccination de truie

Photo : vaccination d'une truie à l'aide d'un prolongateur 

Cette prévention passe par la détermination des souches de S suis d’intérêt, c’est-à-dire celles responsables de la maladie qui sont isolées à partir d’animaux présentant les signes cliniques habituellement observés et mises en évidence en culture abondante. 

L’isolement se fait préférentiellement à partir de sites lésionnels : système nerveux central, articulation, foie, rate, cœur.

Pour s’assurer de l’identité de S.suis responsable, l’isolement doit être répété sur plusieurs animaux sur au moins deux à trois bandes différentes. (Cf guide « Streptococcie : Les bonnes pratiques dans le cadre de prélèvements en élevage »). 

 

Références bibliographiques  

  • Madec, F. et al. 1999. La Maladie de l’Amaigrissement du Porcelet (MAP) en France - Aspects descriptifs, impact en élevage. Journées Rech. Porcine, 31, 347-354  
  • Wang, Y.et al. 2013. Capsular sialic acid of Streptococcus suis serotype 2 binds to swine influenza virus and enhances bacterial interactions with virus-infected tracheal epithelial cells. Infect Immun 81, 4498–4508  
  • Remond, M. et al. 2021.  Étude de cas pour l'évaluation de l'efficacité des autovaccins à Streptococcus suis en élevage porcin. Journées Rech. Porcine, 53, 375-380. 

 

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