Infection grippale : une porte ouverte aux surinfections bactériennes

30 avril 2025

Article grippe porcine grippe

Une étude récente sur des prélèvements effectués entre 2020 et 2024 par des vétérinaires sur des porcs atteints de troubles respiratoires montre que la contamination des porcelets par le virus de la grippe porcine est relativement fréquente (Jardin et al., 2024).

 

Circulation grippale en maternité et en post-sevrage : plus d’un tiers des lots de porcelets tousseurs concernés

Dans cette étude, 22 lots de porcelets en maternité ont été testés et 115 lots en post-sevrage pour connaître l’agent responsable de leur problème respiratoire.

Sur l’ensemble de ces lots, le virus de la grippe porcine était impliqué pour :

  • près d’un tiers des lots de porcelets de maternité,
  • 40% des lots en post sevrage.

Pour les infections très précoces, en maternité, une contamination d’origine maternelle doit être envisagée en priorité, sans pour autant exclure totalement les autres sources possibles.

En post-sevrage, la contamination peut être d’origine multiple (verticale, horizontale, aéroportée, par supports passifs…).

 

Positivité Grippe sur jeune porcelets

Figure 1 : Fréquence de détection du virus influenza dans le mucus respiratoire de porcelets malades en maternité (22 lots) et en post-sevrage (115 lots).

 Données collectées par Ceva entre 2020 et 2024.

 

Infection grippale en post-sevrage : une surconsommation d’antibiotiques à la clef

 Des travaux ont déjà établi qu’une infection préalable par un virus influenza favorise certaines infections bactériennes secondaires.

Par exemple, une infection grippale peut faciliter l’adhésion et la colonisation par une bactérie comme le Streptococcus suis 2 de l’appareil respiratoire (Meng et al., 2015), puis son passage dans le flux sanguin pouvant conduire à une septicémie (Wang et al., 2013). Et cette infection secondaire peut alors imposer un traitement antibiotique des animaux.

Fort de ces constatations expérimentales, une étude hollandaise a démontré que les élevages où du virus influenza de type A était détecté en post-sevrage (positifs grippe) consommaient significativement plus d’antibiotiques que les élevages négatifs grippe (Beek et al., 2024). Dans cette étude la positivité à la grippe a été testée sur 110 post-sevrage mettant en œuvre des analyses sur 2 à 3 fluides oraux récoltés sur des porcelets de 8 semaines de vie.

 

Consommation dantibiotique en fonction de la positivité grippe

Figure 2 : Relation entre la consommation moyenne d’antibiotiques en post sevrage exprimée en DDD (Defined Daily Dose : dose quotidienne définie) et la positivité vis-à-vis du virus influenza.

 

 

Retours du terrain : la vaccination contre les virus influenza réduit les conséquences de la grippe en maternité et en post-sevrage.

  • Concernant l’apport d’une vaccination maternelle

Le suivi clinique et technique d’un élevage espagnol a mis en évidence des améliorations significatives à la suite de sa mise en place (Carceles et al. 2024).

Dans cet élevage naisseur post-sevreur de 2000 truies, dans lequel les porcelets en maternité et en PS présentaient des troubles respiratoires, du virus influenza de type A a été détecté. Le vaccin adapté est alors mis en place sur les truies.

L’évolution des performances est présentée dans le tableau 1.

Au-delà des améliorations en termes de nés totaux et nés vifs, l’effet vertueux de la vaccination maternelle se prolonge en PS : baisse du taux de pertes de 8.1 points, baisse de l’indice de consommation de 0.1 point et réduction des dépenses antibiotiques de 40 cts € / porcelet.

Evolution des performances de rerpoduction suite à la vaccination grippe des truies

Tableau 1 : Critères techniques et sanitaires significativement améliorés après la mise en place d’une vaccination des reproducteurs contre la grippe.

  • Concernant l’apport de la vaccination des porcs en croissance,
Le cas d’élevage le plus documenté à notre connaissance est un cas d’élevage français (Trombani et al., 2022). Dans un élevage naisseur engraisseur de 600 truies chroniquement touché par la grippe récurrente en PS, la vaccination des porcelets avec le vaccin adapté est mise en œuvre en complément de la vaccination des truies déjà en place.

 

Une baisse du taux de pertes (passant de 4,2% à 2,8%) est observée (Figure 3), accompagnée d’une réduction de la clinique respiratoire et d’une diminution du nombre de traitements collectifs et individuels à visée pulmonaire.

Evolution des % de pertes en PS avant et après vaccination des porcelets

Figure 3 : Evolution des % de pertes en PS avant et après vaccination des porcelets contre la grippe (d’après une figure de Trombani et al., 2022).

 

Conclusion :

Plus d’un tiers des lots de porcelets tousseurs en maternité et en PS sont infectés par la grippe dans des élevages français. Ces infections grippales favorisent les surinfections bactériennes conduisant à une surconsommation antibiotique.

 Dans le cadre d’un plan de gestion de la grippe récurrente en PS, des expériences terrain montrent que la vaccination contre la grippe des truies et/ou des porcs en croissance peut être un levier pour améliorer la situation sanitaire dans certains élevages. Prenez conseil auprès de votre vétérinaire.

 

Références bibliographiques :

  • Jardin et al., 2024, Fréquence de détection de Mycoplasma hyopneumoniae et du virus influenza type A.
  • Meng et al., 2015, Dynamic Virus-Bacterium Interactions in a Porcine Precision-Cut Lung Slice Coinfection Model: Swine Influenza Virus Paves the Way for Streptococcus suis Infection in a Two-Step Process.
  • Wang et al., 2013, Capsular Sialic Acid of Streptococcus suis Serotype 2 Binds to Swine Influenza Virus and Enhances Bacterial Interactions with VirusInfected Tracheal Epithelial Cells.
  • Beek et al., 2024, Simultaneous PRRSV and SIV infections increase antimicrobial consumption in nursery.
  • Carceles et al. 2024,
  • Trombani et al., 2022, Gestion de la grippe récurrente H1avN1 à travers la vaccination des porcelets et le contrôle des agents de co-infection dans un élevage naisseur-engraisseur breton.

 

 

 

 

 

 

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