Le bien-être animal est caractérisé par le principe fondamental des 5 libertés individuelles. Parmi ces libertés individuelles figurent l’absence de peur et de détresse, l’absence de stress physique et/ou thermique, l’absence de douleur, de lésions et de maladie.
La qualité des ambiances dans les bâtiments a donc un impact sur le respect de ces libertés. Il est dès lors aisé de comprendre que la gestion et la maitrise des conditions d’élevage est primordiale. Voici quelques points de repère pour mieux comprendre et maîtriser la ventilation en élevage.
Détecter les anomalies d’ambiance grâce à l’observation
De nos jours, les systèmes qui permettent le contrôle de la ventilation sont de plus en plus pointus et de plus en plus performants. Il est cependant important de ne pas leur accorder une confiance aveugle et de garder son esprit observateur et critique en éveil permanent. Le « bon sens » est un outil très utile, performant et disponible en permanence, mais il est parfois oublié.
Dans la suite de cet article nous allons aborder les « basiques » de la gestion des ambiances en porcherie où le sens de l’observation tient une place importante. Ainsi, pouvoir évaluer le comportement des animaux en rentrant dans une salle sans les avoir, au préalable, dérangés est toujours riche en information.
Des conditions d’ambiance inadaptées au stade physiologique du porc seront ressenties comme une agression donc un stress rendant l'animal plus fragile à tous types de pathologie, respiratoire mais aussi digestive, locomotrice, cutanée... Dans tous les diagnostics cliniques, il est nécessaire de s'intéresser aux conditions thermiques, c'est-à-dire à la conception de la salle, à son fonctionnement, à la façon dont elle est réglée et surtout conduite.
Les critères à maîtriser pour une bonne ambiance
Six critères doivent être connus et maitrisés quand on aborde les systèmes de ventilation dynamique :
- les températures de consignes de ventilation et de chauffage,
- les plages de ventilation et de chauffage
- les débits minimum et maximum.
Les températures ambiantes pour un stade physiologique donné sont connues. Elles servent à fixer la température de la consigne de ventilation.
Cette température de consigne est celle en dessous de laquelle la température de la salle ne doit jamais descendre.
Lorsque l’on constate que la température de la salle est inférieure à la température de consigne, augmenter cette température de consigne ne permettra jamais de faire monter la température ambiante. Cette anomalie est très probablement due à un débit d’extraction trop fort ou à un problème d’isolation de la salle.
Pour les salles disposant d’un système de chauffage on définit une température de consigne de chauffage.
Cette consigne de chauffage est la température à partir et en dessous de laquelle le système de chauffage se déclenche.
En règle générale la température de consigne de chauffage est égale ou légèrement supérieure (de 0,5 à 1°C) à la température de consigne de ventilation. De cette manière la température ambiante ne peut pas descendre en dessous de la température de consigne de ventilation et un renouvellement d’air minimum mais suffisant est assuré.
Les plages de ventilation et de chauffage.
Ces plages sont définies en nombre de °C.
La plage de ventilation correspond au nombre de degrés (entre 6 et 7°C) nécessaires au système pour passer du minimum au maximum de ventilation.
La plage de chauffage (1 à 2°C) correspond au nombre de degrés pour passer du maximum au minimum de chauffage.
Une plage « longue » en ventilation permet d’éviter les à-coups thermiques, les variations brutales de vitesses d’air. Une plage « courte » en chauffage permet une bonne réactivité en cas de baisse de température.
Photo n°1 : boitier de régulation permettant de régler et de contrôler les paramètres de gestion des ambiances.
Les débits minimum et maximum
Le débit minimum est le débit d’extraction nécessaire pour évacuer la vapeur d'eau produite par temps froid par des animaux qui viennent de rentrer dans la salle. C'est un débit hydrique.
Le débit maximum est le débit d’extraction nécessaire pour limiter l'élévation de température de la salle au-delà d'un niveau souhaité, en général 6 à 7°C au-dessus de la température extérieure. C'est un débit thermique.
Les ventilateurs hélicoïdaux classiques montés dans les salles sont choisis pour garantir une capacité d’extraction suffisante au débit maximum. Leurs caractéristiques font qu’ils sont très souvent surdimensionnés pour assurer le débit minimum souhaité. Il est alors nécessaire de positionner des systèmes de freinage à l’extraction (lames guillotines par exemple). De nouveaux ventilateurs « Eco » sont arrivés sur le marché ces dernières années. Leur plage de fonctionnement permet d’assurer le niveau de renouvellement souhaité sans avoir forcément recours à des systèmes de freinage.
Autres critères révélateurs d’une bonne ambiance
La température dans une salle n’est pas le seul le seul critère auquel il faut se référer pour s’assurer que les conditions d’ambiance sont idéales.
Il faut tenir compte des vitesses d’air : au-delà de 0,2 m/s toute augmentation de la vitesse d'air de 0,1 m/s sera ressentie comme une baisse de la température ambiante de 1°C.
Exemple : pour une température ambiante de 23°C, la température ressentie par un porc soumis à une vitesse d'air de 0,4 m/s sera de 21°C.
Cette température ressentie liée à la vitesse de l'air est toutefois fonction de la différence de température entre la température de l'air et celle de la peau du porc : lorsque la température extérieure est élevée, et proche de celle de la peau, un courant d'air n'est pas néfaste. Il conviendra aussi d’intégrer l’humidité ambiante : un sol humide conduit à une diminution de 2°C de la température ressentie par les animaux.
Exemple : salle à 23°C, vitesse d’air au niveau des porcs de 0,4 m/s + sol humide => température ressentie = 23-2-2=19°C !
Photo 2 et 3 : mise en évidence des circuits d’air à l’aide du poire à « fumée froide ».
Conclusion :
Une attention régulière sinon quotidienne doit être apportée à l’évaluation des conditions d’ambiance présentes dans les bâtiments d’élevage. Tout dysfonctionnement ou anomalie se fera sentir plus ou moins rapidement et d’une manière plus ou moins critique. La variable « bâtiment » qui figure dans l’hexagone de Ploufragan en est l’illustration : elle souligne l’importance de maîtriser les conditions d’ambiance si on veut prévenir certaines maladies. Dans un prochain numéro nous poursuivrons notre périple dans le monde de la gestion des ambiances en abordant des points pratico-pratiques.
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