Vaccination des porcelets : comment s’assurer de la bonne administration ?

18 mars 2024

Article Services Qualité de vaccination

Quand il vaccine ses animaux, l’objectif visé par un éleveur et son vétérinaire est que 100% des animaux reçoivent une dose complète au bon lieu d’injection.

C’est bien entendu l’objectif ultime mais il faut aussi être conscient que ce n’est pas si facile que cela à atteindre.

Dans l’article précédent intitulé « Préparation des vaccins et points clés pour une bonne vaccination » nous avons démontré que, lors d’une vaccination monitorée avec un injecteur connecté, on constate que 5% des porcelets sont signalés par l’injecteur comme n’ayant pas eu leur dose complète et devant être repris. Sans ce type d’outil avec traçabilité, la plus grande partie de ces porcelets ne sont pas repris.

Les conditions de mise en œuvre de la vaccination sont donc déterminantes pour que ce pourcentage « d’échec » soit le plus bas possible.

 

Le schéma vaccinal peut-il compenser une moindre qualité de vaccination ?

En résumé, y-a-t-il une différence selon que le schéma vaccinal soit en mono dose ou en deux injections ?

En effet, dans le cas d’une vaccination en deux doses, un raisonnement est de se dire que les animaux « ratés » à la première vaccination pourront être « rattrapés » à la deuxième injection. C’est une hypothèse fréquemment émise. Cependant, le protocole de vaccination en deux doses demande deux injections complètes pour garantir une pleine protection. Or si on s’intéresse au pourcentage de porcelets bien vaccinés et qu’on considère 5 % de porcelets ratés par séance : avec un programme mono dose, on a donc 95% de porcelets pleinement vaccinés versus 90% avec un schéma double dose (95% x 95%). Outre le fait que cela alourdit le travail, un schéma double dose n’est donc pas forcément synonyme de meilleure vaccination.

 

Quelles sont les précautions à prendre pour éviter les échecs ?

Parmi les points à vérifier, voici une liste non exhaustive de précautions qui peuvent éviter certaines erreurs.

  • Seringues vérifiées régulièrement.

Quelle que soit leur précision initiale, elles vont s’user et peuvent se dérégler (ex : petit morceau de bouchon qui vient perturber le circuit). Il est donc crucial de vérifier régulièrement leur bon fonctionnement (lors du nettoyage par exemple)

  • Surveiller le nombre de doses utilisées en cours de séance.

Idéalement, il s’agit de vérifier à chaque fin de flacon si le nombre de porcelets injectés est cohérent. En cas de problème, cela évite de se retrouver en fin de séance avec 20% de doses non utilisées sans savoir quand le problème a démarré.

  • Bonne contention des porcelets portés.

L’objectif est de préserver la santé de la personne qui attrape et contient le porcelet tout en le présentant correctement à celle qui injecte. Plusieurs manières de faire existent sur le terrain mais celle qui nous parait la plus adaptée est celle notamment recommandée par le ministère de l’agriculture britannique, le DEFRA (Gale et Pattison 2018). Le porcelet est attrapé par une patte arrière : la personne a les genoux fléchis et soulève le porcelet d’un mouvement de balancier tout en dépliant les jambes pour le recevoir dans son autre bras mis en forme de U. Le porcelet est alors juste maintenu sans contention forte.

Bonne contention dun porcelet

Photo n°1 : contention appropriée de porcelet pour une bonne vaccination

(Gale et Pattison 2018).

  • Favoriser l’usage du prolongateur si l’injection est faite sur un animal non porté.

Les porcelets sont alors bloqués et l’usage d’un prolongateur réduit la douleur de l’animal qui a tendance à bouger au moment de l’injection. Cela favorise donc le calme de la séance, évite de perturber l’injection de la solution vaccinale et limite par conséquent le risque de perte de liquide.

  • Injection au bon endroit pour être bien en intra musculaire.

La détermination du lieu d’injection approprié en intra-musculaire est la même pour tous les porcs et tient compte de la taille de l’animal :

  • un doigt derrière l’oreille et un doigt sous la ligne du dos pour un porcelet nouveau-né
  • pour un porcelet au sevrage c’est le même principe avec deux doigts
  • une main derrière l’oreille et une main sous la ligne du dos pour une truie

  Mauvais lieu dinjection_porceletLieu dinjection approprié_porcelet

Photo 2 et 3 : lieu d'injection lors d'une séance de vaccination.

Le lieu d’injection sur la photo de gauche est beaucoup trop en arrière. La photo de droite illustre le bon lieu d’injection.

Remarque : l’oreille a été contenue pour les besoins de la photo mais ce n’est pas utile de faire ainsi en routine. Il est vrai que le lieu d’injection se situe derrière l’oreille mais plus la contention est souple et mieux cela se passe

  • Une longueur d’aiguille adaptée pour être en intra-musculaire.

Le diamètre est fonction de la fluidité du vaccin. Ci-dessous des recommandation de longueur (Guide de Bonne Pratique d’Hygiène - IFIP).

  • 1ère semaine de vie : 9 mm
  • Jusqu’au sevrage : 16 mm
  • En PS, jusqu’à 10 semaines : 20-25 mm
  • Utiliser des aiguilles à usage unique (en alliage détectable)

Et ceci pour deux objectifs : limiter les risques de contamination et limiter la douleur. On veille donc à respecter au moins : 1 aiguille par portée en maternité et 1 pour 10-12 porcelets ensuite avec changement à chaque case.

  • Une cadence d’injection contrôlée.

Il faut en effet faire attention à ne pas aller trop vite au risque d’avoir du refoulement et de créer de la douleur. L’injection est un acte en 4 ou 5 temps :

  1. Je pique
  2. J’injecte à raison de 1 ml par seconde
  3. Si 2 ml par dose : Je continue d’injecter
  4. Je retire l’aiguille
  5. Je relâche le piston pour remplir le fut

 

 

Références bibliographiques :  

  • Gale et Pattison 2018. Achieving effective vaccination to optimise pig herd health. Livestock, November/December, Volume 23 No 6

 

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