La grippe est une maladie induite par une infection virale causée par le virus influenza. Ce
virus est présent dans le monde entier et infecte de multiples espèces animales.
Chez le porc et également chez l’homme, le virus impliqué est un virus influenza de type A. Au sein de ces virus de type A, on distingue des subdivisions ou sous-types, basés sur l’identification de deux glycoprotéines à la surface du virus. En France en 2021, les sous-types détectés étaient les suivants : H1avN2, H1avN1, H1N1 pandémique et H1huN2.
Chez le porc, le virus influenza cible et se multiplie dans les cellules qui tapissent les voies
respiratoires. L’infection virale conduit à la mort de ces cellules infectées ce qui provoque une forte réponse immunitaire et inflammatoire dans l’appareil respiratoire. Des troubles
respiratoires et généraux à conséquences économiques notables sont alors induits.
Point important : la grippe en élevage porcin n’est pas saisonnière et se produit toute
l’année.
Les virus influenza circulant chez le porc ont tous un potentiel zoonotique : c’est à dire une capacité plus ou moins importante d’infecter l’homme. A ce titre, ils font l’objet d’une
surveillance particulière.
Les virus influenza sont extrêmement contagieux : un animal infecté va contaminer en
moyenne 15 congénères pendant la phase d’excrétion, qui dure 8-10 jours à l’échelle d’un animal.
Les matières contaminantes sont les sécrétions oro-nasales des porcs infectés. La contamination se produit donc via des contacts nez à nez, via des contacts avec un objet souillé par des sécrétions (comme des bottes) et par voie aéroportée. Cette transmission aérienne qui a été démontrée possible sur une distance de 2 km au moins (Davis et al. 2009) a une importance majeure : elle explique en grande partie la contamination entre élevages voisins et la contamination entre animaux logés dans différentes salles et bâtiments au sein d’un même élevage.
La chercheuse Christelle Fablet a identifié plusieurs facteurs de risque associés à l’exposition au virus influenza des porcs charcutiers du grand Ouest français (Fablet et al. 2013). Ces facteurs de risque sont en lien, soit avec une augmentation du risque de transmission du virus, soit avec une perte de capacité de défense immunitaire. Ainsi, les pratiques d’élevage qui conduisent à augmenter les contacts entre porcs d’une même bande ou de bandes différentes ont un effet défavorable : grandes tailles de cases et de salles, mélanges d’animaux de bandes différentes, densité animale élevée par case, recyclages d’air entre salles…Le stress climatique (défaut de chauffage, à-coups de ventilation…) fragilise quant à lui la défense immunitaire pulmonaire.
A l’échelle d’un individu, les signes cliniques apparaissent rapidement après l’infection (1 à 3 jours plus tard) et débutent classiquement par des éternuements et du jetage nasal.
Rapidement, l’infection gagne la trachée, les bronches et les poumons, ce qui provoque de la toux, une gêne respiratoire et des coups de flancs.
Simultanément, la fièvre (>40°C) conduit à l’abattement des porcs, qui restent couchés et mangent peu. Dans le cas des animaux reproducteurs, s’ajoutent à cela des avortements, de l’infertilité, des défauts de lactation...
Cependant, il est assez fréquent que l’infection grippale agisse comme « l’étincelle déclenchant l’explosion» et des co-infections à Streptococcus suis ou Mycoplasma hyopneumoniae surviennent simultanément ou juste après l'infection grippale.
Sans co-infections, les signes cliniques respiratoires et généraux régressent spontanément en 8-10 jours. En cas de co-infections, cas de figure prédominant, les signes cliniques peuvent être nettement plus graves et/ou variés : mortalité, complications pulmonaires bactériennes, dépérissement, signes nerveux (méningites bactériennes), signes digestifs (colibacillose, maladie de l’oedème), pseudo-épidémies de nécrose d’oreilles ou de « grosses oreilles » (othématomes).
A l’échelle d’un élevage, deux formes cliniques sont décrites :
Pour en savoir plus, consulter l'article : Mieux comprendre la grippe porcine : le tableau clinique
Les signes cliniques précédemment décrits et la chronologie de leur survenue sont des
éléments clés de suspicion. Pour établir un diagnostic définitif, le recours à l’examen de laboratoire est nécessaire. Le meilleur choix est de tenter de détecter le virus influenza chez des porcs en début de clinique franche. Les écouvillons nasaux et les sondages trachéo-bronchiques sont les prélèvements de prédilection pour rechercher la grippe. A défaut, la recherche des anticorps post-infectieux peut être effectuée dans le sang de porcs ayant été récemment malades (plus de 10 jours après le début des symptômes). Cependant, cette technique n’est pas adaptée à tous les âges d’animaux et reste moins informative.
Pour tout besoin d’informations complémentaires, contacter votre vétérinaire : il vous
conseillera sur le meilleur choix de prélèvements au vu de ce qui se passe dans votre élevage.
Qui a déjà vu un élevage de porcs atteint de la grippe a bien en tête les conséquences
zootechniques de celle-ci :
Les conséquences économiques sont logiquement lourdes. Ainsi, pour des animaux
reproducteurs (Créach et al. 2020), l’impact économique de la grippe a été récemment évaluée à 15,8 € et 18€ dans respectivement deux élevages différents.
Références bibliographiques