La dysenterie porcine est une pathologie digestive qui affecte les porcs en croissance et principalement les porcs en engraissement. C’est une pathologie dont on parle peu en France même si, ces dernières années, plusieurs élevages y sont confrontés.
Trois espèces du Genre Brachyspira, bactérie Gram négative, sont aujourd’hui décrites pour être à l’origine de la dysenterie porcine : Brachyspira hyodysenteriae (B hyo), Brachyspira suanatina et Brachyspira hampsonii. En France, seule Brachyspira hyodysenteriae a été décrite, les autres n’étant pas recherchées.
Photo 1 : Boite de pétri montrant la prolifération de B hyo qui se traduit par une décoloration de la gélose au sang là où les bactéries prolifèrent
Comment un élevage peut-il se contaminer ?
La contamination est de type faeco-orale. La transmission de B hyo peut s’effectuer entre élevages et entre porcs au sein d’un même élevage.
Si le porc est l’espèce chez laquelle la clinique est la plus connue, d’autres espèces sont sensibles et peuvent servir de réservoir : les rongeurs (rats, souris) et certains oiseaux (canard, oie).
C’est une bactérie qui a une forte capacité de résistance. Des études ont montré qu’une souris infectée peut rester porteuse sans signes cliniques pendant 200 jours (Harris 1984) et que ses matières fécales pouvaient contaminer un porc (Joens, 1980).
Un animal infecté excrète de grandes quantités de bactéries dans le milieu extérieur et reste porteur toute sa vie. Les bactéries rejetées dans le milieu extérieur ont une capacité de survie importante, jusqu’à 112 jours (Boye, 2001).
Comment reconnaître les signes cliniques caractéristiques de la dysenterie ?
Après ingestion, B hyo vient coloniser le gros intestin où elle se multiplie. Les porcs atteints ont entre 8 à 26 semaines d’âge (Burrough 2017). Les signes cliniques observés sont : l’apparition de selles molles dès 8 jours après l’infection, qui évoluent vers une diarrhée à tendance hémorragique à l’origine de déshydratation et de dépérissement (Wilberts 2014). Dans une population indemne, le pourcentage d’animaux malades peut atteindre 90% et la mortalité 30%. (Hampson 2012)
Les facteurs de risque qui contribuent à l’expression clinique sont :
- Le pouvoir virulent de la souche de B hyo infectante,
- L’alimentation : un haut taux protéique est un facteur favorisant,
- La présence de rongeurs : ce sont des amplificateurs, des réservoirs et des vecteurs de la maladie.
- Le stress : quelle que soit son origine (surcharge, mélange, sous ventilation, transport…).
Photo 2 : porc en engraissement présentant une diarrhée mucoïde
Références bibliographiques
1. L. Wilberts, P. H. Arruda, J. M. Kinyon, D. M. Madson, T. S. Frana, and E. R. Burrough. Comparison of Lesion Severity, Distribution, and Colonic Mucin Expression in Pigs With Acute Swine Dysentery Following Oral Inoculation With ‘Brachyspira hampsonii or Brachyspira hyodysenteriae. Veterinary Pathology 2014, Vol. 51(6) 1096-1108
2. Hampson DJ. Brachyspiral colitis. In: Zimmerman JJ, Karriker LA, Ramirez A, Schwartz KJ, Stevenson GW, eds. Diseases of Swine. 10th ed. Ames, IA: Wiley-Blackwell; 2012:680–696
3. R. Burrough. Swine Dysentery: Etiopathogenesis and Diagnosis of a Reemerging Disease, Veterinary Pathology 2017, Vol. 54(1) 22-31
4. David J. Hampson, Kittitat Lugsomya, Tom La, Nyree Dale Phillips, Darren J. Trott, Sam Abraham. Antimicrobial resistance in Brachyspira – An increasing problem for disease control, Veterinary Microbiology 229 (2019) 59–71
5. Boye, M., Baloda, S.B., Leser, T.D., Møller, K., 2001. Survival of Brachyspira hyodysenteriae and B. pilosicoli in terrestrial microcosms. Vet. Microbiol. 81, 33–40. http://dx.doi.org/10.1016/S0378-1135(01)00328-5.
6. Harris DL. The epidemiology of swine dysentery as it relates to the eradication of the disease. Compend Contin Educ Vet. 1984;6(2):s83–s88.
7. Joens, L. A. (1980). Experimental transmission of Treponema hyodysenteriae from mice to pigs. Am J Vet Res 41, 1225–1226.