La coccidiose est causée par de petits parasites qui se multiplient à l'intérieur des cellules digestives de l’intestin grêle.
La coccidiose du porcelet : qu’est-ce que c’est ?
Chez le porc, trois familles de protozoaires peuvent être impliquées : Eimeria, Cystoisospora et Cryptosporidia. Chez le porcelet, c’est Cystoisospora suis (anciennement connu en tant que Isospora suis) qui est responsable des troubles digestifs occasionnés par la coccidiose.
Les porcelets sont infectés lors de la première semaine de vie en ingérant des oocystes (sporulés), ce qui conduit à l'invasion de la muqueuse intestinale. L'intestin grêle (jejunum et ileum) est l’endroit cible de l’infection.
Comme il y a une sensibilité à la maladie liée à l'âge, les porcelets montreront des signes cliniques évocateurs seulement pendant les 3 à 4 premières semaines de vie (Robinson et Al-, 1983).
La maladie se caractérise par une diarrhée tantôt aqueuse, tantôt crémeuse allant du jaune au blanc et nauséabonde. Même si parfois l’infection est subclinique, c’est à dire (sans aucun symptôme), elle entraîne des pertes de croissance importante et fragilise la santé digestive du porcelet.
Quels sont les facteurs de risque ?
Les porcelets sont infectés au cours de la première semaine de vie suivant l’ingestion d’oocystes sporulés dans l’environnement (case de maternité). Des températures élevées (32-35 ° C) et des conditions d’humidité importante favorise la sporulation des oocystes.
Le cycle de vie des coccidies est complexe : au cours de celui-ci les entérocytes de l'intestin grêle sont détruits et les oocystes (non sporulés) sont libérés et excrétés dans les fèces.
Chaque oocyste ingéré a le potentiel de détruire des milliers voire millions de cellules épithéliales intestinales.
Les signes cliniques seront d’autant plus sévères que la quantité d'oocystes ingérée est importante et que l’infection est précoce.
L’impact négatif de la coccidiose est significativement augmenté par la colonisation et l'infection simultanée par d'autres agents pathogènes intestinaux comme Clostridium perfringens type A, les rotavirus, E. Coli, auquel C.suis les rend plus sensible. En effet, l’infection à C.Suis engendre des modifications du microbiome intestinal, ce qui facilite le développement d’autres bactéries pathogènes (Shrestha et al. 2020).
Quels sont les signes cliniques et les lésions associées ?
Les signes cliniques apparaissent habituellement entre 7 et 11 jours d'âge. Souvent, la diarrhée précède le pic d'excrétion d’oocystes. Une diarrhée pâteuse, jaune à grise, est caractéristique du début de la maladie. Sans complication ou surinfection, les porcelets continuent de téter normalement et la mortalité est faible. S’il y a une infection bactérienne ou virale concomitante, la morbidité et même la mortalité peuvent être élevées. Déshydratation, pelage piqué et défaut de croissance sont alors observés.
La plupart des porcelets se rétablissent sans traitement, mais une fois les signes cliniques déclarés, “le mal est fait” : retard de croissance et la contamination des cases de mise-bas par les oocystes sont susceptibles de causer des pertes importantes à l’éleveur.
Les lésions se limitent généralement à l'intestin grêle (jéjunum et iléon) et se caractérisent par l’observation de membranes fibrino-nécrotiques à la surface des muqueuses (visibles dès 4 jours post-infection).
Comment diagnostiquer la coccidiose ?
L’historique, les signes cliniques précédemment décrits et les analyses post-mortem sont des éléments clés en cas de suspicion. Un signe d’appel auquel il faut prêter attention est la diarrhée, ne répondant pas au traitement ATB, au cours des deuxième et troisième semaines de vie.
Pour établir un diagnostic définitif, le recours à l’examen de laboratoire est presque toujours nécessaire. Il existe plusieurs techniques pour observer et dénombrer le nombre d’oocystes dans les fèces, afin de confirmer la présence des parasites (PCR ou comptage à la suite de la technique de flottation).
Néanmoins un kit de dépistage rapide est désormais disponible pour une première détection en élevage.
Des prélèvements peuvent être réalisés en demandant conseil à son vétérinaire.
Une fois le diagnostic confirmé, des mesures de prévention existent.
Quelles sont les conséquences techniques et économiques ?
Dans une récente étude menée en Europe et en France (respectivement Hinney et al., 2020 et Brilland et al., 2020), plus de 70% des exploitations étaient positives pour C. suis et environ 50% des portées ont été touchées.
La coccidiose est une maladie coûteuse pour l’industrie porcine : les porcelets atteints pèseront 0,3 à 1 kg de moins que leurs pairs en bonne santé (les portées seront aussi plus hétérogènes au sevrage) ; sans parler des pertes dues à la mortalité, au coût de traitement et à l’impact que l’excrétion d’oocyste aura dans les futures portées.
Références bibliographiques
- Robinson et al. 1983. Experimental Transmission of Intestinal Coccidiosis to Piglets: Clinical, Parasitological and Pathological Findings. Can J Comp Med 1983; 47: 401-407.
- Shrestha et al. 2020.Shifts in the Fecal Microbial Community of Cystoisospora suis Infected Piglets in Response to Toltrazuril. Front. Microbiol., 19 May 2020 Sec. Infectious Agents and Disease Volume 11 - 2020 | https://doi.org/10.3389/fmicb.2020.00983
- Hinney et al., 2020 .Cystoisospora suis Control in Europe Is Not Always Effective. Frontiers in Veterinary Science Volume 7- 2020
- Brilland et al., 2020. Prévalence des infections à C.suis : résultats français et européens. Poster Congrès AFMVP 2020