Avant de vacciner vos animaux, vérifiez leur aptitude !

16 mai 2024

Article Services Qualité de vaccination

La vaccination est associée à de fortes attentes comme la protection vis-à-vis du pathogène, la réduction des signes cliniques ou encore la réduction de l’excrétion.

De nombreux facteurs peuvent influencer la qualité de la vaccination comme la façon dont est conservé, préparé ou encore administré le vaccin.

Et au-delà de tous ces critères importants à considérer, il en est un qui est fondamental c’est l’aptitude de l’animal à être vacciné.

Est-ce le bon moment pour vacciner ? Mes animaux sont-ils dans les meilleures conditions pour être vaccinés ? Pour s’en assurer, voici des recommandations sur des points à vérifier :

 

1. Vacciner des animaux en bonne santé pour avoir une bonne réponse immunitaire.

  • Vacciner des animaux en bonne santé implique de décaler la vaccination en cas de maladie apparaissant dans un délai très proche du jour de vaccination. Cela peut être le cas si de la diarrhée ou de la toux est présente au moment où on a prévu la vaccination (ex : vaccination en maternité ou une semaine après sevrage). Attention alors à ne pas oublier les animaux décalés par le jeu des adoptions en maternité par exemple.

  • Mais cela veut dire aussi traiter ou contrôler au plus vite une maladie qui se déclarerait dans les 2 à 3 semaines après vaccination, c’est-à-dire en pleine prise vaccinale (ex SDRP)


2. Vacciner des animaux aptes à avoir une bonne réponse immunitaire

Il est connu depuis longtemps que des stress banals peuvent avoir des effet additionnels négatifs sur les performances de porcelets (Hyun et al., 1998). Et si la croissance est affectée par ces stress banals, il est clair que la réponse immunitaire consommatrice de protéines le sera aussi.

Il convient donc de :

  • Limiter les stress post-vaccinaux (densité, mélanges, etc…)
  • S’assurer d’un abreuvement à volonté opérationnel
  • Fournir une alimentation qui convient à la réponse immunitaire, notamment dans ses équilibres d’acides aminés (fonction de la situation de l’élevage)

    Lieu dinjection approprié_porcelet
3. Vacciner au bon moment par rapport à la contamination des animaux

Pour qu’un vaccin soit protecteur, il faut que les animaux aient fini leur prise vaccinale quand ils se retrouveront exposés au germe agresseur. Cette prise vaccinale varie en fonction des vaccins mais est en général de 2 à 3 semaines à l’échelle d’un lot.

Deux schémas classiques peuvent néanmoins se rencontrer dans lesquels on n’obtient pas une protection complète immédiate :

  • Vaccination d’urgence : temps limité pour une bonne prise vaccinale

Exemple avec la maladie d’œdème, une pathologie redoutable qui peut induire brutalement des taux de pertes élevés. Elle s’exprime classiquement 10 jours après le sevrage. Lorsqu’on décide de vacciner, la vaccination est généralement positionnée en 1ère semaine de vie pour avoir 100% des protégés lors de la phase critique. Mais lors de la mise en place de vaccination, il y a le plus souvent au moins une bande proche du sevrage. La vaccination en urgence de cette bande sera donc trop tardive pour avoir une protection complète du lot. Elle permettra néanmoins d’aider la fraction des porcelets qui auront une prise vaccinale plus rapide.

 

  • Le pathogène est déjà là quand on vaccine au sevrage !

C’est ce qu’on appelle des cas de dynamique d’infection précoce qui sont plus souvent dus à une contamination des porcelets par les truies en maternité. Cela est très bien décrit avec Mycoplasma hyopneumoniae ou le virus PCV2. Il faut alors envisager la vaccination du troupeau de truies pour réduire ces contaminations.

 

4. Vacciner en évitant l’interférence avec l’immunité maternelle

 

En fonction des pathologies, cela peut poser plus ou moins de difficultés. L’immunité colostrale transmise par les truies permet de protéger les porcelets dans un premier temps. Mais si l’immunité colostrale dirigée contre le pathogène dont on veut se protéger est très élevée au moment de la vaccination, elle peut aussi atténuer la vaccination en neutralisant une partie du vaccin. Dans ce cas, quand les truies sont aussi vaccinées, on évite un rappel vaccinal avant mise bas (pour avoir un colostrum moins riche) ou on vaccine les porcelets un peu plus vieux.

 

5. S’assurer d’une protection induite suffisamment longue

 

Quand on élève des porcs à durée de vie plus longue que le schéma classique (labels, porcs lourds), il convient de vérifier que la protection vaccinale induite couvre la fin d’élevage. La vaccination peut parfois être retardée mais il ne faut pas oublier qu’elle doit rester suffisamment précoce pour protéger les porcs lors de leur début d’exposition (cf. délai de prise vaccinale et contamination).

 

5. Vacciner en respectant l’âge prévu à la vaccination 

 

En général, cela ne pose pas de problème mais il existe des configurations assez classiques où les porcelets sont vaccinés plus vieux que prévu. Le problème est que ces animaux peuvent se retrouver « protéger trop tard », une fois que le pathogène visé les a déjà contaminés. Et là, cela marche mal !

  • Vaccination en entrée d’engraissement : attention « aux redoublants » de la bande restés en PS et qui seront vaccinés plus vieux avec la bande suivante.

  • Vaccination à l’entrée en PS de porcelets issus de site naissage : une partie des porcelets livrés peut correspondre à des porcelets trop petits au sevrage et gardés une ou deux semaines de plus avant départ.

  • On peut citer aussi une 3e configuration peu fréquente en France mais que l’on peut néanmoins rencontrer : celle des adoptions en cascade en maternité qui font que les porcelets changent de mère mais aussi de bande. Gale et Pattison (2018) en ont illustré deux exemples en utilisant des boucles de couleur différente pour identifier les porcelets à la naissance

Décalage de bandes de porcelets

Figure 1  : distribution de boucles d'oreilles de différentes couleurs indiquant la vaccination de porcelets mélangés et venant de différentes bandes lors d'un même session.

 

Décalage de bandes de porcelets_2ème série

Figure 2  : distribution des âges de porcelets dont l'âge à la vaccination théorique était de 8 semaines (56 jours).

Les figures 1 et 2 sont des exemples de mise en évidence de mélange de bandes (entre la bande n°1 et n°5) à la vaccination en identifiant les porcelets à la naissance avec des boucles de couleurs différentes selon les bandes. Dans l’exemple de gauche, 23% des porcelets n’étaient pas de la bande prévue (boucle jaune normalement !). L’exemple de droite, où les couleurs avaient été complétées du jour de naissance, est encore pire : la vaccination était prévue à 8 semaines (56 jours) mais seuls 26% des porcelets étaient dans cette tranche d’âge !

 

Références bibliographiques :

  • Gale et Pattison 2018. Achieving effective vaccination to optimise pig herd health. Livestock, November/December, Volume 23 No 6
  • Hyun et al. Growth performance of pigs subjected to multiple concurrent environmental stressors. Journal of Animal Science, 76:721-727
  • Réussir Porc 2018. Mieux utiliser les médicaments avec la pharmacovigilance. n° 261 septembre, 58-59
  • Vangroenweghe 2017. Good vaccination practice: it all starts with a good vaccine storage temperature. Porcine Health Management 3:24; DOI 10.1186/s40813-017-0071-4

 

 

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