Après un premier article consacré à l’ambiance et aux basiques de la ventilation en élevage voici un deuxième article qui recense les questions que l’on se pose régulièrement au sujet de l’ambiance dans un élevage de porc. Ces questions sont le fruit de visites régulières en élevage et de la confrontation à certaines situations qui nous ont amenés à nous interroger.
1ère question :
- Lorsque je rentre des porcs dans une salle, la température affichée par la sonde d’ambiance sera-t-elle la température ressentie par ces porcs ?
Réponse : pas forcément.
- Il faut déjà que la sonde soit bien positionnée ! Il faut aussi s’assurer qu’elle indique la bonne température.
Pour cela, il faut vérifier son bon étalonnage au moins deux fois par an.
- Lors de l'entrée des animaux dans une salle vide, pour évaluer la température ressentie par les animaux, il faut tenir compte des trois interactions thermiques qui se produiront entre l’animal et son environnement que sont la convection, le rayonnement et la conduction.
A) La convection
Il faut en effet savoir que le porc dégage de la chaleur par convection, c’est un petit radiateur !
Cette énergie « perdue » est dépendante de deux paramètres :
- de la différence entre la température ambiante et la température corporelle : plus le porc est placé dans un environnement froid plus il perdra d’énergie
- de la vitesse d’air dans la salle : au -delà de 0,2m/s, une augmentation de 0,1m/s équivaut à une baisse de 1°C en ressenti.
Exemple : si on considère un porcelet de 4 semaines d’âge placé dans une salle à 27°C soumis à une vitesse d’air de 0,5m/s, la température ressentie sera influencée par ce courant d’air et sera donc de 27- 3 = 24°C. (0,5m/s soit 0,3m/s de plus que 0,2m/s soit 3°C d’impact).
B) Le rayonnement
C’est ce que l’on pourrait appeler « l’effet paroi ».
Un mur de pierre exposé au soleil rayonnera de la chaleur bien après la fin du jour. Proche d’une surface froide, sans même la toucher il est possible de ressentir la fraicheur qu’elle dégage.
Ainsi la température ressentie par un porc sous l’effet du rayonnement se calcule avec la formule : (T°C de la salle + T°C des parois) /2.
Exemple : pour une température ambiante visée de 24°C mais des parois à 18°C à la suite d’une mauvaise remise en température à l’entrée des animaux, la température ressentie sera de (24+18) / 2=21°C.
IMPORTANT ! A l’entrée des animaux il faut s’assurer que tous les éléments présents soient à la température voulue.
La puissance nécessaire pour mettre en température une salle dépendra de la différence de température entre celle de départ et celle souhaitée, de l'humidité contenu dans les différents matériaux présents dans cette salle (murs, caillebotis, nourrisseurs...) et de leur inertie thermique.
- Plus la différence de température entre la température de départ et celle souhaitée est importante, plus il faudra d'énergie.
- Plus les matériaux seront humides et plus il faudra d'énergie pour faire évaporer cette eau.
- Plus les matériaux auront une forte inertie thermique, plus il faudra du temps et de l’énergie.
C) La conduction
La conduction est le transfert d’énergie qui s’opère par contact.
Plus la surface de couchage aura un pouvoir isolant faible, plus le transfert d’énergie sera important et plus le porc aura une sensation d’inconfort. Les calories diffusent dans le matériau.
Comme le béton a un pouvoir isolant plus faible que la paille et que les trous dans le béton ajoutent une perte thermique par convection, la sensation de confort est la même pour des porcs couchés sur un caillebotis partiel à 24°C, ou sur un sol plein sec à 21°C ou sur la paille sèche à 18°C.
Le porc passe 80% de son temps couché, il faut donc lui offrir des surfaces de couchage au minimum à la température souhaitée.
Que retenir ?
La température affichée par la boite de régulation n’est pas forcément la température qui sera ressentie par les animaux : méfiance !
L’observation du comportement des porcs est toujours riche d’enseignement. Si vous observez des couchages inappropriés comme l’entassement de porcs non malades malgré une température correcte affichée au boitier de régulation, il est important de se poser des questions. Y a-t-il des courants d’air ? Quelle est la température des sols ?
2ème question :
- A-t-on raison de dire qu'au contact d'un caillebotis plastique les porcelets ont plus chaud qu'au contact d’un caillebotis béton ?
Réponse : oui
Si un caillebotis plastique et un caillebotis béton sont dans une même salle (côte à côte) ils sont à la même température. L'impression de moindre froid au toucher du caillebotis plastique est à relier au phénomène de conduction thermique (Cf. question précédente).
La conductivité thermique est une grandeur physique qui caractérise la capacité d'un matériau à transporter la chaleur. La conductivité du plastique étant plus faible que celle du béton, en plaçant la main sur un caillebotis plastique la chaleur « fuit » moins vite la main que si elle est placée sur le caillebotis béton.
Ces questions vous ont intéressés ? Ne manquez pas notre prochain article sur la gestion de l’ambiance en élevage de porcs.