Mycoplasma hyopneumoniae (Mh) est une bactérie sans paroi : ce qui la rend résistante par nature à certaines familles d'antibiotiques telles que les pénicillines. Elle se développe à la surface des bronches : pour la traiter, il faut donc utiliser des antibiotiques adaptés qui diffusent bien dans l’arbre respiratoire.
Mais, lorsque les signes cliniques débutent, les lésions pulmonaires sont déjà bien établies et les animaux “récupèrent difficilement” malgré le traitement. Dès lors, il vaut mieux prévenir que guérir.
Quels moyens de prévention disponibles ?
Tout d’abord, rappelons que plus la pathologie se développe tôt, plus les lésions sont importantes (Fano et al., 2007). Et de même plus la dose infectante est forte, plus la pathologie est sévère (Marois et al., 2010). Or les porcelets peuvent se contaminer au cours de leur croissance au contact des autres porcs de l'élevage de façon directe ou indirecte par voie aéroportée, mais aussi dès la maternité avec leur mère, quand celle-ci est fortement excrétrice.
La prévention repose donc d’abord sur une vaccination des porcelets mais aussi sur des actions pour limiter la pression d’infection et la rapidité de contamination des porcelets
La vaccination contre Mh est apparue en France en 1995. Elle s’est depuis largement implantée pour aboutir à une grande majorité voire la quasi-totalité des porcelets désormais vaccinés (source : Observatoire National de la Vaccination des Animaux _ SIMV_Octobre 2021). La vaccination a permis de grandes améliorations cliniques et a contribué à réduire l’usage des antibiotiques en élevage. Mais elle n’est pas non plus l’arme absolue. Il reste des élevages à lésions pulmonaires importantes.
La vaccination contre Mh permet d'immuniser activement les porcs contre ce pathogène et ainsi de limiter son expression clinique, mais aucun des vaccins disponibles ne permet d’éradiquer Mh. Elle n’est pas stérilisante : un porcelet vacciné qui se contamine avec Mh gardera un potentiel infectieux. Mh étant rarement le seul pathogène respiratoire en élevage, il convient de choisir le schéma vaccinal le plus adapté et de limiter sa synergie avec les autres éventuels pathogènes.
Il faut veiller à la bonne application de la vaccination, mais aussi “travailler” les facteurs de risques de la pathologie pour réduire la pression d’infection du Mh.
La vaccination étant un élément clé de la prévention, rappelons quelques éléments essentiels de sa réussite :
Les truies, les primipares en particulier, peuvent contaminer leurs porcelets dès la maternité car le pouvoir infectieux des animaux contaminés est très long (> 200 jours) (Pieters et al., 2009). L’absence de signes cliniques sur le troupeau ne veut pas dire absence de circulation du Mh sur les truies.
La stratégie d’adaptation des cochettes dans le troupeau, surtout si elles sont naïves, doit donc aller au-delà d’une bonne adaptation clinique et viser un contrôle du Mh. Il faut aussi éviter les adoptions tardives en maternité qui favorisent la contamination des porcelets. A titre d’exemple, l’Anses recommande un maximum de 15% d’adoptions, à faire entre 12 et 48h de vie.
Enfin, comme pour la plupart des pathologies, la conduite en bande stricte est une règle d’or à respecter. Mais elle est encore plus importante pour Mh compte tenu de sa longue durée d’excrétion. De même, l’entrée des animaux dans une salle nettoyée et désinfectée est un impératif.
Les porcelets peuvent aussi se contaminer via les autres porcs de l’élevage. Attention aux prises d’air des différents compartiments. Elles ne devraient jamais être dans la sortie d’air d’une autre salle.
Le chargement des salles peut aussi être réfléchi dès que l’on a plusieurs salles pour une bande. En effet, le risque de transmission truie-porcelets est plus élevé pour les porcelets issus de cochettes. Ceux-ci correspondent aussi à une population globalement particulière, plus fragile. Une bonne stratégie est d’élever ces porcelets entre eux, dans les mêmes cases d’une seule salle.
D’un point de vue structurel, les grandes salles favorisent la pathologie respiratoire car le risque de transmission évolue de manière exponentielle avec le nombre de porcs présents. Dans le même esprit, le respect des densités est un atout pour ne pas amplifier les transmissions.
Au quotidien, la maitrise de l’ambiance et de la ventilation (éviter sous ventilation, humidité, froid, chutes d’air) sont des atouts.
Elles œuvrent de concert avec Mh pour contribuer au Complexe Respiratoire Porcin.
Une étude ANSES IFIP (Aubry et al., 2010) nous permet de faire une évaluation. Dans ce travail, les élevages faiblement atteints par la pathologie respiratoire (à moins de 1,5 de note pulmonaire moyenne et moins de 5% de pleurésie) avaient une marge supérieure de :
Cela pour un coût d’aliment sevrage-vente de 253 € par tonne. Or, cet impact est lié à une baisse de croissance mais surtout une dégradation de l’indice.
Cette étude est toujours remarquablement d’actualité car
La prévention de la pathologie respiratoire est donc toujours un enjeu d’actualité, et le contrôle du mycoplasme, une clé de voute de cette stratégie
Références bibliographiques