Les éleveurs qui ont dû faire face à la maladie de l’œdème dans leur élevage en gardent souvent un souvenir douloureux.
En effet, outre le taux de pertes impressionnant (70% dans des cas exceptionnels – Waret et al. 2021) qui peut affecter un lot, la possible répétitivité de la maladie d’une bande à l’autre est source de stress.
Quels sont les solutions de prévention disponibles ?
Jusqu’à l’arrivée des vaccins en 2013, seules des mesures zootechniques et alimentaires étaient applicables en prévention. Le résultat était souvent aléatoire pour un travail contraignant et fastidieux.
Elles visent à limiter la multiplication des E.coli (Gale and Velazquez 2020)
On peut lister ces mesures :
Une des alternatives à ces mesures est la mise en place de la vaccination dont l’objectif principal est de réduire la mortalité observée.
La vaccination contre la maladie de l’œdème est une vaccination contre la shigatoxine qui permet de réduire la mortalité et les signes cliniques de la maladie. La vaccination est réalisée dans la première semaine de vie du porcelet, pour que, trois semaines après, les porcelets soient protégés lorsqu’ils entrent dans la phase de risque de la maladie.
Les anticorps produits neutralisent la shigatoxine et préviennent ainsi le développement de signes cliniques aigus ou chroniques. En revanche, la vaccination ne réduit pas la présence des E. coli producteurs de shigatoxine au sein du troupeau, car le vaccin n’a aucune action contre la bactérie elle-même.
D’une part, la vaccination réduit le taux de pertes et la proportion d’animaux chétifs causés par la maladie de l’œdème. D’autre part, elle a pour conséquence de diminuer fortement le recours aux antibiotiques comme la colistine ou le recours à des solutions alternatives. La vaccination contre la shigatoxine contribue ainsi à limiter le risque de résistance bactérienne.
Il est primordial de vacciner l’ensemble des animaux de la bande, au minimum 3 semaines avant l’apparition des premiers signes cliniques pour assurer une bonne efficacité.
Comme pour tous les vaccins, les porcelets doivent être en bonne santé lors de la vaccination et ne pas être sujets à d’autres infections dans les semaines qui suivent la vaccination. Cela pourrait nuire à la qualité de l’immunité mise en place.
Certaines mesures alimentaires mises en œuvre pour tenter de prévenir la maladie de l’œdème peuvent être coûteuses (gamme d’aliment sécurisé, acidifiants…) ou d’efficacité variable et nuire aux performances des animaux (exemple de la restriction alimentaire qui va limiter la croissance des porcelets). Il est alors difficile d’estimer un réel retour sur investissement.
Si on essaie d’évaluer les bénéfices de la vaccination, que ce soit pour les formes aiguës ou subaiguës, ils peuvent s’objectiver sous deux angles :
1) l’amélioration du taux de pertes en post-sevrage via la réduction de la mortalité : dans une étude, la vaccination a permis d’abaisser le taux de perte à 2,1% dans un élevage ou celui-ci avait atteint près de 70% sur une bande (Waret et al. 2021)
2) l’amélioration des performances de croissance qui découle de l’amélioration clinique : avec en post-sevrage un gain moyen de 51 g (amélioration du GMQ de 423g à 474g) ou dans une moindre mesure un gain de 39g sur la phase sevrage-vente. (Brilland et al. 2021)
Références bibliographiques