Les mesures de prévention mises en place depuis les années 2000 ont permis de limiter grandement l’impact du PCV2 et notamment de la Maladie d’Amaigrissement du Porcelet (MAP) qui est devenue exceptionnelle. Mais tous ceux qui l’ont connu à ses débuts en garde un souvenir douloureux et un sentiment d’impuissance. L’amélioration actuelle de la situation ne doit pas conduire à « baisser la garde » c’est-à-dire à rogner sur la prévention ou à négliger certains facteurs de risques.
Deux grands axes se complètent, à savoir la gestion des facteurs de risques et la prévention vaccinale.
Il n’y avait que cela au début de l’émergence de la maladie dans les années 90. Il s’agit des fameux 20 points de Madec, du nom du directeur adjoint de l’Anses de Ploufragan de l’époque, qui les a conçus avec son équipe (JRP 1999).
Ces mesures ont été établies au vu des premières connaissances qu’on avait sur cette pathologie. Elles reposent sur des principes de cloisonnement de population, de respect des normes zootechniques et d’hygiène. Elles ont été reprises dans le monde entier et ont permis un premier niveau de contrôle.
Le premier vaccin contre le PCV2 est disponible depuis 2004. Depuis, d’autres vaccins ont été mis sur le marché et ont efficacement complété le dispositif de lutte. Et même si le virus PCV2 n’a pas disparu, les cas de MAP sont devenus exceptionnels.
A l’échelle d’un élevage, il s’agit de réaliser un état des lieux des pratiques à risque et de caractériser sous quelle(s) forme(s) le PCV2 s'exprime. Car les bonnes pratiques de prévention à mettre en œuvre sont fonction de la pression d’infection et des points critiques de l’élevage.
Prenons 3 exemples :
Le PCV2 est excrété dans les fèces. Il y en a donc potentiellement dans toutes les cases de porcs. Et en quantité plus importante lorsque les porcs sont malades. Ce qui soulève beaucoup de questions car négliger cet aspect peut faire monter la « pression PCV2 » dans l’élevage.
Forme reproductive et/ou porcelets infectés par le virus à la naissance
La vaccination des truies va permettre de réduire les troubles de reproduction dus au PCV2 et limiter ainsi le risque d’avoir des porcelets porteurs d’une charge virale trop importante à la naissance et surtout de protéger les porcelets tant qu’ils sont sous protection colostrale. En cas de pression modérée, cette mesure vaccinale peut être suffisante pour garantir la santé et les performances des porcelets jusqu’à l’abattage.
Dans ces cas, on va vacciner les porcelets et parfois même les truies et les porcelets. L’Anses a d’ailleurs comparé l’efficacité des schémas vaccinaux truies seules / porcelets seuls / truies et porcelets et a montré à quel point ce troisième schéma, truies et porcelets, est le plus puissant pour contrôler le PCV2 (Andraud et al., 2009). Ce qu’illustrent aussi les travaux de Wozniak et al., 2019.
Plus la situation initiale est dégradée et plus le retour sur investissement des mesures zootechniques et vaccinales est évident. Rappelons que pour les cas de MAP, l’enjeu peut être la survie économique de l’élevage !
A l’opposé, évaluer le retour sur investissement dans un élevage atteint par la forme subclinique est plus technique car il faut pouvoir mesurer toutes les performances des porcs.
L’essai vaccinal réalisé à l’élevage de Romillé de l’IFIP en est un exemple patent (Corrége et al., 2015). Dans cette étude ; le PCV2 a circulé sur les porcs entre 17 et 20 semaines de vie sans impact clinique. Le GMQ engraissement des deux groupes non vaccinés et vaccinés a même été excellent : 916 et 918 g ! Pourtant, les porcs vaccinés ont eu une amélioration de 0,1 point d’indice engraissement. Ce qui a permis un gain économique de 1,70 € par porc !
Références bibliographiques