Le microbiote intestinal joue un rôle crucial dans la santé et le développement des porcelets.
Il est d’ailleurs très riche : il contient plus de de 1000 millions de bactéries/ml de contenu digestif. Celles-ci sont capable de fournir de l’énergie : on considère que 10 à 20 % de l’énergie assimilable par le porcelet peut être produit par son microbiote !
Dès le plus jeune âge, il faudra donc veiller à sa bonne mise en place et à son entretien.
L’étude du microbiote a été facilitée ces dernières années par le développement de techniques d’analyses du génome couplées à de la bio-informatique. Elles ont permis d’identifier, à partir d’un prélèvement brut de matières fécales, les types de bactéries présentes (Shokralla (1)).
La caractérisation de ce microbiote est un enjeu majeur si on veut savoir ce dont on parle et pouvoir comparer les études entre elles.
Comment procède-t-on aujourd’hui ? Tout simplement en ayant recours au séquençage, c’est-à-dire à l’étude de « la carte d’identité – du génome » des organismes
On sait aujourd’hui que plus le microbiote est diversifié, plus il est résilient aux changements et donc adaptatif La quête du graal est donc un microbiote riche tant sur le critère quantitatif que sur le critère diversité. |
Le microbiote commence à se former dès la naissance, lors du passage du porcelet dans le vagin de la mère. Il est ensuite enrichi par le contact avec les tétines, la peau de la truie et l'environnement (Chen (2)). En effet, à la naissance, le tube digestif du porcelet est stérile. Dès le deuxième jour, le microbiote est principalement composé d'Escherichia coli et de Lactobacillus. Puis il change rapidement durant la phase d’allaitement.
Il est donc crucial de penser à orienter « très tôt » la flore qui colonise le tube digestif : dès les premières heures.
C’est pourquoi certaines interventions pratiquées dans les premiers jours de vie pourront être préjudiciables sur le court, moyen et long terme. Pour en savoir plus , consultez l’article « Le Microbiote Digestif du Porcelet : un allié inestimable ».
Les grandes étapes d’évolution du microbiote :
Figure : abondance relative des différents genres dans les fèces en relation avec l'âge des porcelets (jour de vie 1, 3, 5, 11, 15, 31, 34 et 38) selon Shrestha et al.2020 (4).
Il est aussi intéressant de noter que la génétique a un impact sur la composition du microbiote (Aliakbari (5)).
C’est effectivement de façon préférentielle par la mère que le microbiote est transmis chez les mammifères.
On estime que la part de variabilité du microbiote est pour plus de la moitié hérité de ses parents.
Les travaux de Catherine Arzul et de ses collègues (Jordi Estellé et al., JRP 20216 (6)) ont permis de mieux comprendre les paramètres génétiques influençant la composition de ce microbiote et ses interactions avec les caractères immunitaires.
La publication Shrestha et al.2020 (4) "Shifts in the Fecal Microbial Community of Cystoisospora suis Infected Piglets in Response to Toltrazuril" examine les effets de l'infection par le parasite Cystoisospora suis et d’un traitement aà base de toltrazuril sur le microbiote fécal des porcelets.
L'infection par C.suis engendre des perturbations dans la maturation bactérienne et entraîne une dysbiose, exacerbant la maladie. Un traitement à base de toltrazuril, administré par voie orale ou parentérale, a permis de réduire l'excrétion de parasites et la diarrhée chez les porcelets.
En outre, les communautés microbiennes fécales des porcelets traités étaient plus diversifiées et riches en espèces par rapport aux porcelets non traités. Les effets du traitement sur le microbiote étaient particulièrement visibles pendant la phase aiguë de l'infection et après le sevrage. Les porcelets traités présentaient une abondance accrue de certaines familles bactériennes notamment les Ruminococcaceae et Lachnospiraceae.
Références bibliographiques