Lors du congrès EPP (European Pig Producers) qui se tenait à Nantes en mai 2024, Christine Roguet (IFIP) a présenté une synthèse sur la production porcine française : les chiffres clés et surtout les défis à relever demain pour les éleveurs de porcs.
Voici une synthèse des principaux éléments à retenir.
Les chiffres clés de la production porcine française en comparaison de ses voisins européens
En comparaison de certains autres pays européens, la France dispose d’atouts en matière agricole :
Pour autant, la production porcine ne représente que 5% de la production agricole en valeur en France en 2023 versus 29% au Danemark, 18% en Espagne, 12% en Allemagne et 10% aux Pays-Bas.
L’une des grandes spécificités et originalité, c’est le rassemblement des élevages français au sein de groupements de producteurs. Ces structures initiées dans les années 70 en lien avec le développement de l’encadrement technique et la recherche d’une rationalisation de la production, perdurent toujours de nos jours. Il n’existe pas d’équivalent dans les autres pays de l’UE qui connaissent soit des démarches de mise sur le marché très libérales et individuelles (Allemagne et Pays-Bas), soit une production intégrée sous contrat (Espagne), soit une production quasi monopolistique gérée par un seul abatteur (Danemark).
Au dernier recensement de 2022, on compte 32 groupements qui représentent 89% de la production porcine française.
La deuxième spécificité de la production porcine c’est sa forte concentration spatiale dans l’Ouest de la France que ce soit du point de vue des élevages mais aussi des organisations liées, c’est-à-dire abattoirs et firmes d’aliments. Ainsi deux régions, Bretagne et Pays de la Loire, accueillent 70% des élevages, 74% des structures d’abattages et 79% de nutrition animale.
Figure 1 : Répartition de la population porcine française par région (%)
Recensement en 2020 : 13,3 millions de porcs dont 0,956 million de truies.
Figure 2 : Variation de la population porcine française par région (%)
De 2010 à 2020 (gras) / De 2000 à 2010
Figure 3 : Répartition et évolution de l'abattage porcin en France
entre 2022 (gras) et 2012
Figure 4 : Répartition et évolution de la fabrication d'aliments composés pour porcins en France entre 2022 (gras) et 2012
Un autre phénomène observé en France c’est la forte diminution du nombre d’exploitations et la baisse globale du cheptel reproducteur. Ainsi on compte :
Figure 5 : Répartition et évolution de la fabrication d'aliments composés pour porcins en France entre 2022 (gras) et 2012
Légende : Big : élevage de grande taille avec plus de 100 porcs ou plus de 20 truies soit 99,3% de la population porcine et 99,2% de la population de truie
Rouge : élevage de grande taille avec truies / Gris : Elevage de grande taille sans truies / Jaune : élevage de petite taille avec truies / Beige clair : élevage de petite taille sans truies
Figure 6 : Répartition et évolution de la fabrication d'aliments composés pour porcins en France entre 2022 (gras) et 2012
Sur cette même période, les élevages se sont spécialisés : plus d’élevages naisseurs-engraisseurs et moins d’élevages mixtes associant deux productions (bovins-porcs).
Figure 7 : Évolution de la répartition par type d’exploitations
La description de l’élevage français typique peut se résumer de la façon suivante : spécialisé, naisseur-engraisseur avec 260 truies, 80 Hectares de SAU (Surface Agricole Utile) et environ 3 équivalents temps dont la moitié salariée. L’essentiel des exploitations s’inscrivent donc dans un modèle qu’on peut qualifier de familial.
L’élevage de porc fait face à de nombreux enjeux en lien avec l’évolution démographique au sein de la population d’éleveurs, les nouvelles attentes sociétales, les contraintes environnementales et la nécessité de compétitivité de la filière.
Les éleveurs cherchent donc à faire évoluer leur élevage et notamment à :
En conclusion, Christine Roguet souligne que dans sa globalité le modèle de l’élevage porcin français est un modèle qu’on peut qualifier d’efficace et résilient. Toutefois, il va continuer de connaître des mutations dans les prochaines années avec un défi majeur : être capable d’attirer de jeunes agriculteurs pour assurer la relève.
En cela, l’orientation vers une diversité des élevages porcins devrait se poursuivre pour contribuer à l’attractivité. Il n’y aura donc pas de modèle idéal d’élevage porcin, pas de modèle agricole unique mais plusieurs modèles possibles à condition de conserver la cohérence entre l’engraissement, la surface agricole utile et la main-d’œuvre.
Ces modèles doivent être compatibles avec les aspirations des jeunes agriculteurs qui voient la profession différemment et aspirent à avoir du temps libre, une certaine sécurité financière et des modèles d’élevages respectueux des attentes sociétales.