Un porcelet naît quasiment sans réserve corporelle et dépourvu de toute protection immunitaire. La prise colostrale est donc un élément essentiel pour préserver sa future santé et croissance. Dès lors, tout doit être fait pour favoriser une prise colostrale de qualité et viser une prise de poids minimale de 50 grammes pendant les 24 premières heures de vie, ce seuil de 50 g étant le seuil nécessaire pour espérer assurer 90 % de survie jusqu’au sevrage.
Il est donc essentiel d’être vigilant sur certains points avant, pendant et après la mise-bas, pour assurer la meilleure croissance aux porcelets.
Un porcelet qui ne consomme pas de colostrum dans l’heure qui suit sa naissance court de graves dangers. Sa capacité à accéder rapidement à la mamelle est primordiale.
Or à la naissance, le porcelet quitte un milieu à 38-39 °C (température corporelle de sa mère) pour arriver tout humide dans un environnement dont la température est en général autour de 25-30 °C : son confort thermique est donc essentiel pour limiter le choc. Le nouveau-né doit donc pouvoir se sécher et se réchauffer. De même, il doit être accueilli dans un lieu confortable. Pour cela, le coin nid doit être placé sur une surface pleine et sa température doit être situé dans une fourchette de 34 à 40 °C.
Illustration : séchage des porcelets nouveau-nés (photo Ceva)
Plus élevé est le poids à la naissance, meilleure sera la vigueur du porcelet pour aller téter ! On considère en général que le poids moyen d’un porcelet avoisine 1,3 kg. Derrière ce chiffre se cache une forte disparité : le poids d’un nouveau-né peut en effet varier entre 0,470 à 2,290 kg. Or le poids à la naissance détermine fortement les chances de survie du porcelet. 100 % des porcelets qui pèsent moins de 600 g et 50 % de ceux qui font entre 600 et 800 g meurent avant le sevrage. Au-delà de 1,4 kg, le taux de perte tombe à 9 %. C’est donc un élément clé de survie.
Illustration : hétérogénéité de poids des porcelets à la naissance (photo Ceva)
Avec une durée moyenne de 4 heures 20, la mise-bas est un véritable marathon pour la truie. Son hydratation, son alimentation et son confort thermique (22 à 23 °C) sont essentiels pour favoriser sa production laitière. Ainsi, la veille de la mise-bas, la truie a un comportement spontané de sur-abreuvement auquel on ne prête sans doute pas assez attention. Ensuite, après la mise bas, l'abreuvement va augmenter naturellement pour atteindre les 20 à 30 litres nécessaires à la production du colostrum et du lait. De même, elle aura besoin d’énergie. L’autre point à prendre en compte est le délai entre son dernier repas et la mise-bas : s’il est trop long, c’est-à-dire supérieur à 4 heures, cela va tendre à allonger la durée de la mise bas et augmenter les mort-nés ! »
La clé de la réussite en maternité repose sur une bonne préparation en amont.
Pour une multipare, cela commence dès la lactation précédente. La truie doit pouvoir retourner en verraterie sans avoir mobilisé en excès ses réserves corporelles, sous peine d’effets négatifs lors de la gestation. A son entrée en maternité, son ELD moyen doit être compris entre 18 et 20 mm (suivant la génétique) et ne pas dépasser 4 mm de perte à sa sortie. En complément, le programme alimentaire doit être adapté à la génétique.
L’éleveur ou le salarié d’élevage jouent un véritable rôle de sage-femme : ils doivent savoir porter assistance aux truies et aux porcelets surtout lors des premières heures de vie. L’idéal est de favoriser un déroulement naturel sans sur-intervenir. La priorité reste la prise colostrale et donc les gestes qui vont la favoriser : le séchage, la mise à la mamelle et l’aide aux porcelets peu vigoureux comme les splay-legs. La technique des tétées alternées est parfois mise en œuvre. Elle nécessite toutefois elle aussi des points de vigilance sous peine d’être contre-productive.