Le parvovirus porcin (PPV) est un petit virus nu à ADN extrêmement résistant qui était encore considéré il y a 20 ans comme génétiquement très stable. Les progrès du séquençage génétique ont révélé l’inverse : il existe une forte variabilité génétique et antigénique au sein des souches circulant chez le porc.
Découverte en 2001 en Allemagne, la souche PPV-27a focalise depuis lors l’intérêt des scientifiques car elle est particulièrement virulente. Elle a depuis été mise en évidence dans de multiples pays européens. Au Danemark, elle constitue même la souche PPV dominante depuis 2018, dans un contexte global de recrudescence de cas de troubles de la reproduction associés au PPV.
Pour mieux comprendre la situation en France, nous avons sollicité Mouna Abed Zahar, cheffe de service Immunologie-Virologie-PCR et Séquençage de Labocea Ploufragan, afin qu’elle nous partage ses connaissances diagnostic sur le sujet.
Les conséquences d’une infection par du parvovirus varient en fonction de la souche, de la dose infectante et du stade de gestation de la femelle infectée :
Effectivement, une bascule franche a été observée récemment concernant les demandes de détection du parvovirus par PCR. En 2021 et de la même façon en 2022, nous avons reçu plus de 160 dossiers avec demande de PCR parvovirus. Par comparaison, entre 2009 et 2017, seulement 40 dossiers par an avaient été reçus par Labocea avec cette demande d’analyse (Mieli et al, AFMVP 2019).
Oui, considérablement. La fréquence de détection du parvovirus est de 23% en 2021 et de 26% en 2022, soit de l’ordre de 1 dossier analysé sur 4. Entre 2009 et 2017, du parvovirus était détecté dans moins de 1 dossier sur 10 !
En 2021, le séquençage du génome complet effectué à Labocea et à Ceva-Phylaxia a permis une analyse phylogénétique de 18 souches, révélant 17 souches apparentées génétiquement aux souches Ouest-européennes 27a et une souche apparentée génétiquement au groupe des souches allemandes (Torneau/IDT). Le virus PPV-27a est un variant divergent isolé pour la première fois en Allemagne en 2001 et à pouvoir pathogène réputé élevé.
Le prélèvement de choix est le fœtus (jusqu’à 5 fœtus par portée, sur 3 portées différentes avec conditionnement individualisé par portée). Idéalement, recueillir à la fois des fœtus momifiés et non momifiés (vivants, morts nés) car la charge virale se réduit progressivement après la mort fœtale du fait de l’autolyse. Cette précaution permettra de réduire le risque de faux négatifs.
En conclusion, lors de troubles de la reproduction en élevage, la recherche de parvovirus peut s’avérer pertinente. Il faut dès lors contacter son vétérinaire qui décidera des prélèvements à effectuer pour maximiser les chances de détecter le parvovirus.